Pour ceux qui ont grandi dans les années 1980 ou du moins qui affectionnent le cinéma de cette époque, le terme de Miyagi renvoie forcément au nom d’un maître japonais capable d’arrêter une mouche avec une paire de baguettes dans une célèbre série de films mais il ne s’agit pas de karaté et encore moins de cinéma ici. Nous parlons de la préfecture de Miyagi qui se trouve dans le Nord-Est du Japon. Elle a été brusquement placée au coeur de l’actualité il y a 13 ans lors du grand séisme qui a provoqué un tsunami ayant causé la tragédie que l’on sait. La région abrite la ville de Sendai qui était le fief du célèbre samurai Date MASAMUNE.
Un peu plus au nord de cette cité se trouve le bourg de Matsushima qui offre au visiteur de passage l’une des trois plus belles vues du Japon (nous avons vu ailleurs que les Japonais adoraient se concocter des TOP3 non hiérarchiques pour plein de choses différentes). Mais ce n’est pas non plus de géographie que nous voulons parler ici. C’est d’une brasserie dont le président, M. SUZUKI, nous a fait l’honneur de sa visite en 2022 à Paris, à l’occasion d’une remise de prix pour son « Shounkinryu » (Prix du Jury et TOP16) au cours de laquelle il avait su enchanter le public français par sa jovialité naturelle et sa grande pédagogie.
Les vastes locaux de sa brasserie sont donc situés dans la préfecture de Miyagi à une quarantaine de minutes de Sendai mais ils valent le détour si vous avez prévu une visite dans ce coin de l’archipel car il est possible de les visiter d’une part mais surtout parce que la visite est très bien conçue et accessible aux non-japonisants grâce à des panneaux didactiques et des vidéos sous-titrées en anglais qui vous donneront toutes les informations que vous aurez besoin de savoir pour satisfaire votre curiosité ou simplement vous faire une (très) bonne première idée des différentes étapes du processus de confection des sakés.
L’historique de la maison prend son départ assez récemment puisque tout ou presque se joue en 1973 avec l’union de quatre maisons de la région pour n’en former qu’une, autour de la volonté de conserver l’héritage ancestral et l’authenticité qui avaient fait leur réputation. Ces maisons se sont regroupées dans un vaste complexe au coeur des montagnes afin d’être au plus près d’une des trois ressources essentielles pour faire du bon saké : l’eau. Comme souvent dans le discours d’un kuramoto, c’est le souci de l’eau et la recherche même d’une eau la plus pure possible qui revient. Et au vu des récompenses obtenues par la maison Ichinokura, il semble assez limpide comme l’eau justement, que les hommes qui se succèdent aux manettes de cette brasserie, ont trouvé la bonne.
En plus de repartir avec une vision très claire de la façon avec laquelle un brasseur brasse le saké, vous aurez appris aussi par exemple que la partie du riz dont on débarrasse la céréale quand on la polit dans cette maison, n’est pas simplement jetée mais bel et bien recyclée dans différents produits que les Japonais utilisent au quotidien. Vous apprendrez aussi sous la forme de petites activités ludiques à quel point le métier de brasseur est loin d’être une sinécure et peut même être physiquement très exténuant, ce qui vous encouragera, gageons-le, à passer par la boutique attenant la brasserie et à délester votre bourse de quelques piécettes qui viendront récompenser le travail acharné de ces artisans qui font tout pour nous apporter le meilleur de leur savoir-faire.
Nous vous conseillons bien sûr de vous procurer une bouteille de « Shounkinryu » (祥雲金龍) en junmai-ginjō et puis de voir sur place, après une petite dégustation (pensez à prévoir un ami suffisamment généreux pour se sacrifier et prendre le volant au retour) si d’autres gammes de cette prestigieuse maison vous séduisent !
En savoir plus :
- Le site officiel de la brasserie (ENG)