Kura Gazette

4 concours pour les estimer tous


Bientôt dix ans. Dix années passées à promouvoir les alcools japonais. Car oui, en 2026 Kura Master fêtera sa dixième édition. En y repensant, toutes ont été différentes à différents niveaux. Car chaque nouvelle édition a amené d’autres défis, d’autres idées, d’autres ambitions. Il y a eu le COVID bien sûr. Puis les difficultés liées au conflit toujours en cours en Ukraine. Et si d’autres difficultés se sont faites jour, les producteurs participants ont été plus nombreux d’une année à l’autre. Tout comme le nombre de membres prestigieux qui nous font l’honneur et l’amitié de rejoindre nos rangs. L’envie initiale demeure toujours la même : initier et faire apprécier ce pan de l’artisanat culinaire japonais.

Certains d’entre vous, qui nous suivent depuis moins longtemps que d’autres, ont peut-être quelques difficultés à appréhender ce qu’est notre évènement et en quoi consistent nos différents concours. Alors que nous attendons la fin du mois pour découvrir quelles boissons auront décroché cette année les plus grands prix de Kura Master, voici l’occasion de répondre aux questions que vous pourriez avoir et d’éclaircir d’éventuelles zones d’ombre…

Commençons par le début.

Kura Master ? C’est quoi ? Et surtout… C’est pour qui ?

Le terme « kura » renvoie à l’idée de rangement et de stockage. C’est grosso modo l’équivalent de nos « celliers ». On parle plus spécifiquement alors de « sakagura » (en y adjoignant le kanji de saké dont la prononciation a été modifiée avec l’usage). Les producteurs de saké ou plus globalement, les propriétaires de ces sakagura sont appelés quant à eux, des « kuramoto ». L’expression « Kura Master » est donc un néologisme que nous avons forgé pour ce à quoi nous travaillons toute l’année : des concours. Car c’est bien avant tout ce dont il s’agit ici : de concours autour de boissons alcoolisées japonaises. D’où le lien assez fort sur cette page avec les brasseries et les distilleries de l’archipel.

Avant d’entrer plus en détails sur ces évènements, il nous faut rendre hommage à l’homme sans qui rien de tout cela n’aurait pu advenir. C’est en effet le chef sommelier M. Xavier THUIZAT (Meilleur Sommelier de France & Meilleur Ouvrier de France 2022 excusez du peu), grand passionné de culture japonaise, qui après avoir découvert le potentiel d’accords alors largement méconnu des sakés japonais, n’a eu de cesse de vouloir œuvrer à promouvoir cette boisson auprès des représentants de sa profession. Tout part de ce japanophile qui trouvera un soutien en la personne de M. Keiichirô MIYAGAWA (caviste importateur mais sommelier japonais décoré du titre de maître sommelier par l’Union de la Sommellerie Française) et c’est ainsi qu’en 2017, la première édition de ce concours vit le jour. Une seule boisson était alors mise à l’honneur : le saké ou le nihonshu comme l’appellent les puristes (et accessoirement 130 millions de Japonais).

Le but était d’emblée de soumettre des sakés à un jury de professionnels du vin accoutumés aux goûts du public français, de façon à pouvoir sélectionner les flacons qui seraient le plus susceptibles de séduire une clientèle française ou du moins habituée à fréquenter les grands établissements de notre pays.Le concours de saké est composé de plusieurs catégories dont les intitulés peuvent changer d’une année sur l’autre. Car si la langue française se contente du mot « saké » pour désigner cette boisson, il existe des appellations plus spécifiques reflétant les particularités de sa production. Les « junmai » (boisson concoctée sans ajout d’alcool de distillation au cours du processus de production) diffèrent ainsi des « honjôzô » et se décomposent en « ginjô » (le riz utilisé a été poli à hauteur de 40%) ou « daiginjô » (idem mais à hauteur de 50%). Les mots peuvent sembler quelque peu difficiles à retenir mais ils font partie d’un vocable que l’amateur comme le professionnel se doit de maîtriser.

Un deuxième volet a été ajouté en 2021 avec notre concours des Honkaku-shochu et awamori. Nous ne reviendrons pas sur cette dernière boisson pour laquelle nous avons déjà réalisé un long article mais ce deuxième grand concours orchestré par Christophe DAVOINE (Meilleur Ouvrier de France et vice-président de l’Association des Barmen de France) est assuré par un jury mélangeant sommeliers et barmen dont la mission est de déceler le potentiel d’usage en mixologie des différents types de shochu véritable qui passent entre leurs mains. Les catégories, assez fixes d’une année sur l’autre, se décomposent selon les matières premières employées pour confectionner ces boissons (RAPPEL : un shochu peut l’être à partir de plus de 50 ingrédients différents).


Un diptyque devenu triptyque avec la venue de l’umeshu ?

À noter aussi qu’officieusement depuis 2023 et officiellement depuis 2024, l’umeshu se taille également une part du gâteau et qu’il est présent dans un troisième concours dans lequel un jury mixte formé de membres issus à la fois de la sommellerie et de la mixologie, cherche à déterminer l’alcool de prune japonais qui trouve le plus grâce à leurs yeux, et Dieu sait, quand on a le bec un peu sucré, à quel point il est difficile de choisir !

En 2025 : le brelan d’as devient carré avec l’arrivée des vins japonais

Grande nouveauté de l’édition 2025, ce quatrième pilier était très attendu et n’aurait pas pu voir le jour sans le concours (sans mauvais jeu de mots) et le dévouement de Mme Paz Levinson qui en assure la présidence. Nous l’inaugurons donc cette année en le restreignant uniquement à une seule catégorie, qui nous semble particulièrement emblématique et représentative des cépages japonais : le « kōshū ». ATTENTION ! Il ne faut pas confondre ce cépage avec les sakés vieillis qui peuvent être appelés « koshu ». Pour cela, il suffit juste de prolonger légèrement les voyelles dans le premier cas et pas dans l’autre. Ce coup d’essai s’étant mué en coup de maître, il est fort probable que nous ouvrirons ce concours à d’autres cépages dès 2026 et nous espérons qu’un grand nombre de sommeliers français sera ravi de participer à cette nouvelle aventure !

Quelle notation ? Quels prix ?

Une note sur 100 est donnée à chaque boisson jugée par plusieurs membres de notre jury. Les meilleures d’entre elles obtiennent ainsi une médaille d’or ou de platine. Un Prix du Jury vient ensuite récompenser la boisson qui aura su séduire le plus les membres du jury pour chaque catégorie de chaque concours. Et le Prix du Président récompense éminemment prestigieuse, couronnera celle qui aura su le plus se distinguer parmi celles-ci. Ces derniers prix sont attribués un peu plus tard dans l’année afin de permettre aux producteurs qui le veulent de venir le chercher directement sur Paris.

L’évènement Kura Master est donc, vous l’avez compris, un ensemble de concours cherchant à distinguer les meilleures boissons japonaises (les fameux washu : retenez ce mot !) du point de vue des affinités du public français. Ces concours sont  réservés aux professionnels travaillant dans le domaine du vin et de la mixologie. Si vous souhaiter des informations pour une éventuelle revue de presse ou même un article dans lequel vous mettez toute votre passion, n’hésitez pas à les contacter.

Quand et où est-ce que cet évènement a lieu ? Pourquoi j’ai entendu dire que le grand public pouvait y avoir accès ?

Kura Master a lieu une seule fois par an. En l’occurrence, vers le printemps. Il se tient sur toute une journée à l’Espace Charenton dans le XIIème arrondissement de Paris. Le grand public est vivement encouragé à y participer lors de la grande dégustation publique qui se tiendra au même endroit à partir de 17H. Il lui est en effet possible de goûter plusieurs centaines de quilles ayant été soumises à l’expertise du jury et prendre réellement conscience de la richesse de ce patrimoine que nous tentons de mieux faire connaître en France. L’ampleur de cet évènement le rend inédit et même inimaginable au Japon alors simples gourmets curieux ou connaisseurs éclairés, ne ratez pas cette formidable opportunité !

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