Kura Gazette

L’o-bon ou la fête japonaise des ancêtres


L’obon, qui est parfois aussi simplement les vacances du bon, est l’une des fêtes les plus importantes du calendrier japonais. Célébrée chaque été pour honorer les esprits des ancêtres, dans une atmosphère à la fois solennelle et familiale, où rites bouddhistes et traditions populaires se mêlent harmonieusement.

Fixée le plus souvent autour du 15 août, date qui est notoirement connue au Japon comme celle qui sert à commémorer la fin de la guerre (perdue par les Japonais pour ceux qui l’ignoraient et dont l’ombre plane toujours sur le monde politique actuel), elle est toutefois observée à des dates différentes selon les régions, cette période est considérée comme un moment où les défunts reviennent rendre visite aux vivants : vous retrouvez désormais cette thématique dans un grand nombre d’œuvres issues de la pop-culture japonaise.

Les familles se préparent à leur accueil en nettoyant les tombes familiales (ohaka-mairi), en disposant dans la maison un autel décoré d’offrandes – fruits, fleurs, encens et parfois un petit plateau de plats préférés des disparus – et en allumant des feux d’accueil (mukaebi) à l’entrée des demeures pour guider les âmes. C’est aussi l’occasion de voir surgir, dans les villages et les quartiers, les danses de Bon Odori, souvent exécutées en cercle au son des tambours taiko, qui créent une ambiance à la fois hypnotique et festive. Les Tokyoites avec des racines provinciales en profitent notamment pour rentrer dans les maisons familiales « les jikka », pendant quelques jours, au coeur d’un été particulièrement caniculaire ces dernières années.

Dans certaines régions, on confectionne des shōryō-uma, petites montures symboliques faites de concombres (chevaux rapides pour l’arrivée) et d’aubergines (bœufs lents pour le départ), censées transporter les esprits. Au terme de ces quelques jours, des feux d’adieu (okuribi) ou des lanternes flottantes sur les rivières raccompagnent les ancêtres vers l’au-delà.

Et parce que toute fête japonaise digne de ce nom se partage aussi autour de mets et de boissons, le saké n’est pas absent de l’obon : dans certains foyers, on en verse quelques gouttes devant l’autel domestique pour « trinquer » avec les défunts, et dans les villages, les rassemblements après les danses voient circuler les bouteilles, parfois de saké local, que l’on boit à petites gorgées en évoquant les histoires familiales, les souvenirs de ceux qui ne sont plus là, ou même en entonnant d’anciennes chansons.

Dans certains coins reculés des préfectures de Niigata ou d’Akita, on raconte encore qu’un ancêtre « joyeux » pouvait se manifester par un bol de saké mystérieusement vidé durant une nuit de l’obon, signe qu’il avait bien profité de l’hospitalité des vivants. Ainsi, l’obon est avant tout un moment où le temps parait suspendu au Japon et où, entre recueillement et convivialité, les Japonais se réunissent entre générations passées et présentes,  tantôt les mains jointes pour prier, tantôt les mains ouvertes pour danser ou trinquer.

 

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