Embarquez vers l’ancien fief du prestigieux clan Nabeshima
Un voyage dans l’archipel nippon nécessite moins un doctorat en civilisation japonaise qu’un passeport encore valide et de bonnes chaussures. Ça, et un tant soit peu de préparation bien sûr ! Surtout si on veut quitter la zone métropolitaine tokyoite, sortir de l’ornière et avancer jusqu’à ces régions les plus méridionales de l’archipel, comme celle de Kyûshû. La préfecture de Saga se trouve sur au Nord-Ouest de l’île, avec sur son flanc Est, la préfecture Fukuoka et sur son franc Ouest, la préfecture Nagasaki. Au nord s’étend la mer de Genkai tandis qu’au Sud, la région fait face à la mer d’Ariake. La préfecture n’est pas qu’une simple porte océane et compte également sur ses terres intérieures, des massifs d’altitude moyenne émaillés de sources qui viennent gonfler des rivières coulant dans toute la région en contrebas, venant ainsi alimenter les rizières et en cela approvisionner les brasseries et distilleries locales de l’ingrédient indispensable à la production de ces élixirs dont nous raffolons tant. Les plaines de Saga sont des greniers à céréales et les températures moyennes de la région n’excédant pas 16 degrés, celle-ci présente un climat tempéré très agréable tout au long de l’année.
C’est dans cette région que les Historiens s’accordent à dire que la riziculture a commencé et c’est d’ailleurs dans les environs que des fouilles archéologiques ont mis à jour des restes de la culture Yayoi qui a succédé à la culture Jômon (une période couvrant -18.000 à -300 av. J-C) et dont les poteries élaborées font la fierté des Japonais. Mais l’endroit est depuis lors connu davantage pour l’école d’arita-yaki, qui compte parmi les écoles de porcelaine les plus connues au monde et dont d’innombrables chef-d’œuvre sont sortis des fours. Les amateurs de littérature japonaise connaissent également la région pour son « Hagakure » (littéralement « caché dans le feuillage »), connu comme étant une sorte de manuel de stoïcisme ou de guide spirituel destiné aux guerriers, et rédigé par un membre du clan local, les Nabeshima qui l’auront longtemps gardé secret. Cet ouvrage a été popularisé en Occident sous le titre de « Livre du Samuraï » et a même fait l’objet d’un film de Jim Jarmush avec Forest Whitaker intitulé « Ghost Dog » (1999). Enfin, concernant un sujet qui est susceptible d’intéresser directement toute personne qui suit notre actualité, la région est connue comme une terre donnant d’excellents sakés, et comme étant la terre présentant la concentration de brasseries la plus élevée. Par ailleurs, c’est même la préfecture qui, de toutes celles qui composent l’île de Kyûshû, présente la consommation la plus élevée par habitant, tandis que Saga est la ville qui a consommé le plus de saké dans tout le pays en 2018 et que la région est . Nous verrons sur la page suivante quels sont les particularités des boissons de ce terroir.
Nous avons déjà dit plus haut que la région bénéficiait non seulement d’un climat tempéré mais également d’une profusion de sources et de rivières qui lui garantissait une eau d’excellente qualité, élément essentiel s’il en est à la fabrication de saké. L’eau utilisée par les brasseries provient notamment du mont Sefuri au Nord et du mont Tara au sud. Quant au second ingrédient indispensable à la production de bons sakés, il s’agit bien entendu de la céréale la plus chère aux yeux des Japonais, le riz, qui est cultivé dans la région depuis deux millénaires, comme l’attestent les ruines du site de Yoshinogari et de Nabata, parmi les plus anciennes du Japon. La préfecture est par ailleurs l’une des régions les plus fertiles et les plus productrices de toute l’île. Elle a la chance donc de réunir toutes les conditions pour produire du bon saké et elle le fait. Les « sakés Saga » sont caractérisés par un goût onctueux, très finement sucré et présentent une grande richesse aromatique. Ils sont aptes à accompagner vos repas et raviront tous vos convives. En 2013, la préfecture de Saga est la première à lancer un décret encourageant les habitants de la région à trinquer avec la production locale de saké et organise également tous les ans un « jour du saké » le 1er octobre durant lequel toute la population se retrouve et célèbre l’excellence de ce pan de l’artisanat local. Lors du dixième anniversaire de ce décret, des producteurs locaux se sont connectés en direct du Japon pour fêter le jour du nihonshu en plein Salon du Saké organisé à Paris. Par ailleurs, nous l’avons déjà évoqué un peu plus haut, mais la région peut s’énorgueillir aussi de posséder de la vaisselle en porcelaine grâce à laquelle elle peut sublimer les saveurs de ses boissons. Les porcelaines des écoles d’Imari et d’Arita remontent ainsi à l’an 1616 et il ne fallut pas attendre longtemps avant que les exportations de ces pièces commencent vers le vieux continent où elles sut séduire les différentes cours européennes. Ces traditions artisanales, conservées et transmises dans des familles depuis des générations sauront ravir vos pupilles tandis que vous vos papilles seront, elles, pleinement satisfaites des mets locaux et des sakés de Saga si gustativement généreux !
Alors n’hésitez pas à aller baguenauder sur les routes de Saga et partagez-nous vos découvertes du coin !!!!