Kura Gazette

10 anecdotes insolites autour du saké


Cela fait déjà huit années que nous œuvrons à notre échelle d’une part pour contrecarrer les clichés coriaces entourant les boissons japonaises et d’autre part pour en assurer la promotion. Du haut de cette petite expérience, nous avons pu observer les progrès réalisés au cours de ces années, notamment grâce au travail effectué par nos éminents ambassadeurs au premier chef desquels, nos président bien sûr, qui incarnent le meilleur de l’artisanat français et dont le rôle de prescripteur est pour le moins indéniable : on prête l’oreille et du crédit quand l’excellence parle et conseille quelque chose. Vous savez donc, si vous nous lisez, à quel point le saké peut être une boisson d’une très grande qualité, notamment les sakés dits premium qui sont importés en France. Il n’en reste pas moins que la documentation francophone liée à ces boissons demeure rare et il est possible que vous ignorez deux ou trois petites choses insolites sur cette boisson. Faisons le point ensemble : magnéto, Serge!

1 : La mythologie romaine a Bacchus et le panthéon grec peut compter sur Dionysos, les mythes nippons ont également Susanô, le frère de la déesse solaire Amaterasu, connu pour son amour du saké. Une légende raconte ainsi qu’il en a utilisé pour enivrer un immense serpent géant à huit têtes, connu sous le nom de Yamata no Orochi et ultra présent dans le folklore japonais mais aussi dans la pop-culture moderne de l’archipel. Le nom de Susanô est souvent associé à des festivités et à la boisson, faisant de lui un dieu de l’ivresse et du saké. N’hésitez pas à lui porter un petit toast, lors de vos prochaines rasades .

2 : En parlant de toast, si chez Kura Master, nous préconisons l’usage du verre à vin pour déguster le saké afin de profiter au maximum de son potentiel aromatique, les Japonais ont eux recours à différents récipients, dont des « sakazuki » particulièrement grandes lors de cérémonies traditionnelles. Ces coupes passent de main en main pour que chacun puisse y tremper ses lèvres et ainsi sceller le caractère solennel de l’évènement en question. Le fait d’échanger une sakazuki est considéré tantôt comme une marque de confiance, tantôt comme une preuve d’amitié.

3 : Le célèbre artiste japonais Katsushika HOKUSAI, connu notamment pour sa série de gravures « Les Trente-six vues du mont Fuji » et la fameuse vague si emblématique de l’art japonais que son motif en orne désormais les passeports nippons, était un grand amateur de saké. Il aurait souvent dessiné sous l’influence du saké, ce qui, selon certains, aurait contribué à la fluidité et à la spontanéité de son style artistique. Vous pouvez en apprendre beaucoup plus sur sa vie et le contexte historico-politique dans lequel elle s’inscrit, en regardant le bio-pic qui lui est dédié et qui a bénéficié d’une sortie française : « Hokusai » (2020).

4 : Le saké est omniprésent dans la société japonaise. Les lutteurs de sumo en consomment ainsi avant leurs combats, naturellement toutefois pas dans un but de se saouler (la vie du sumotori Komagatake Kuniriki devrait suffire à les en dissuader – on raconte que l’homme en buvait 6 litres tous les matins avant de mourir au jeune âge de 33 ans). Cette boisson, associée à toutes sortes de rites depuis la nuit des temps, est en effet utilisée dans des rituels de purification. Cette tendance à toutefois à disparaître au profit de la bière dont la popularisation a atteint réellement toutes les strates de la société japonaise durant l’après-guerre. Si vous voulez apprécier le mode de vie des sumotori (sans combattre), nous vous conseillons par ailleurs de préparer une chanko-nabe, le plat typique de ce combattant et de jeter un oeil à la série « Sanctuary » (2023) qui a fait sensation à la fois au Japon et à l’étranger.

5 : Dans certaines régions  montagneuses du Japon où prolifèrent des singes, nombreux sont les témoignages qui rapportent avoir vus ces animaux chiper du saké laissé dehors par des riziculteurs et se conduire d’une manière pour le moins hilarante. Les singes deviennent très amicaux et très joueurs, ce qui engendre des scènes assez amusantes pour les habitants comme pour les touristes. À noter que ces « macaques du Japon » sont devenus une attraction à eux tous seuls et que si vous aimez vous prélasser dans les rotenburo,  ces sources d’eau chaude en extérieur, vous pourriez avoir la surprise de vous retrouver avec un compagnon de bain. Inutile pour autant d’échanger une sakazuki avec lui !

6 : Le saké est souvent consommé lors des fêtes de fin d’année et des célébrations. Les Japonais adorent fêter la fin d’une année (bônenkai) mais aussi le début d’une autre (shinnenkai). Les mauvaises langues diraient peut-être que tout prétexte est bon pour festoyer, mais ces rituels ont l’avantage de permettre aux employés d’une même entreprise de souffler un peu, de se retrouver, et même de se découvrir loin de la pression quotidienne du travail. Pendant ces périodes, il n’est pas rare de voir des collègues et même des patrons participer à des activités comme le karaoké ou des danses improvisées, après quelques verres de saké. Gare toutefois aux abus, car il est des petits malins qui gèrent des comptes de photos volées sur lesquelles apparaissent des quidams pour le moins éméchés (cf. Shibuya Meltdown sur Instagram).

7 : L’empereur Meiji, qui a régné de 1867 à 1912, était un grand amateur de saké. Il a aidé à populariser le saké moderne en soutenant les brasseries et en encourageant l’innovation dans la production de saké. C’est grâce à son influence que de nombreuses brasseries ont commencé à expérimenter des techniques de fermentation et de distillation plus avancées. S’ensuivra la courte période Taisho qui verra la démocratisation et la poursuite de l’ouverture du pays aux sciences occidentales (c’est notamment durant cette période que des Japonais feront le trajet jusqu’en Écosse pour étudier le savoir-faire des maîtres du whisky : un drama retrace la vie de Masataka Taketsuru qui fondera la distillerie Nikka et peut valoir le coup d’oeil si ce domaine vous intéresse.

8 : Pendant la fête des cerisiers en fleurs (hanami) au printemps, il est courant de voir des groupes de Japonais venir boire du saké sous les arbres en fleurs. L’image est connue car elle représente à merveille la douceur d’une des plus agréables saisons pour visiter ce pays. Une tradition amusante consiste à placer précisément  des pétales de fleurs de cerisier dans les coupes de saké, pour s’attirer chance et amour dans l’année à venir. Vous pouvez également imiter les Japonais en vous rendant dans le parc de Sceaux en banlieue parisienne où de multiples cerisiers permettent de s’essayer au pique-nique nippon. Et pourquoi pas emporter avec vous un sparkling ?

9 : En 2010, un groupe de 7 000 personnes s’est réuni à Matsuyama, dans la préfecture d’Ehime, pour établir le record du monde du plus grand toast de saké simultané. Cet événement, organisé par la communauté locale et les brasseries de saké, visait à promouvoir la culture du saké et à célébrer son importance dans la société japonaise. Depuis quelques années, les acteurs du secteur ont mis en avant un « #KANPAIDay » et un « #NIHONSHUDay » durant le mois d’octobre : n’hésitez pas à sortir votre plus beau cru ou votre plus belle sakazuki maintenant que vous connaissez le mot et à relayer une photo de vous en train de trinquer !

10 : De nombreuses stars anglophones partagent désormais leur amour du saké. Tout le monde connaît l’amour que le réalisateur Quentin TARENTINO porte à cette boisson depuis notamment la sortie de son Kill Bill, mais des noms de grandes vedettes hollywoodiennes comme Georges CLOONEY,  Keanu REEVES ou Scarlette JOHANSON ont également manifesté publiquement leur intérêt pour la plus célèbre boisson japonaise, contribuant ainsi directement à leur notoriété. C’est par ce travail de prescription venu de personnes dont l’avis est écouté, que le saké parviendra réellement à toucher très largement la population au-delà du cercle des véritables « connoisseurs » ou simples amateurs que nous essayons d’élargir.

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